Trollenpaw

J'avais besoin de réfléchir, de prendre un moment pour mettre au clair et classer mes pensées.

À l'heure d'aujourd'hui, je ne savais que deux choses, premièrement que j'étais très sûrement un Trollen (un Troll norvégien) et que, secondement, le blaireau s'estompait peu à peu de ma vie.

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Lors de crises existentielles, j'aime particulièrement faire une chose : prendre le temps d'une bonne douche.

J'allume l'eau à température élevée, j'aime particulièrement les douches bien chaudes.

Je me déshabille. J'évite les miroirs car je ne me sens pas confortable avec mon corps.

Je rentre dans la baignoire. Je respire.

Le blaireau a longtemps fait partie de ma vie, c'est un fait.

Aujourd'hui je prend sûrement plus de temps pour m'occuper du Trollen tout simplement parce que cette identité est nouvelle en moi.

Je prend un peu de gel douche pour me frotter le corps. Le liquide, gluant et froid contraste avec la température de l'eau. 

Il faut que j'accepte de changer. Je n'ai presque plus aucun shift en blaireau ni de membres fantômes. Le blaireau restera toujours un intérêt spécifique mais peut être plus un kintype comme avant. Ou peut être non ? 

J'ai vécu tant de choses avec les blaireaux. J'ai une bibliothèque entière remplie "d'objets blaireaux". Je ne veux vraiment vraiment pas le perdre. Je me bas quotidiennement contre mes nouveaux ressentis...

Je me savonne les cheveux énergiquement.

C'est vrai, ma nouvelle bestiole me fait beaucoup de bien. Elle correspond vraiment à mon animalité, mes ressentis et mes peurs ou envies, peut-être même plus que le blaireau -si j'ose l'avouer-.

Mes mains courent sur ma tignasse enchampouinée.

Je dois accepter de changer, d'évoluer, je ne peux pas vivre constamment dans le doute.

Mais j'ai peur, si peur, de décevoir mes ami-e-s voir toute la communauté therianthropie... Mais mes sentiments sont là.

Que faire ? Rien... 

Je me rince la tête. Je respire.

Qu'est ce qui me fait sentir tant Trollen que ça ? Qu'est ce qui change par rapport au blaireau ? Cette question est tout sauf évidente, c'est même pratiquement indéfinissable.

Je ferme les yeux, l'eau coule sur tout mon corps et calme mes ruminations...

Soudain, je sens le balancement tranquille d'une queue, un peu comme celle des vaches.

Je sens mon corps changer peu à peu au contact de l'eau. Mon corps devient plus animal dans cette illusion soudaine. Le flux de l'eau glisse sur ma crête dorsale qui s'herissent dans un frisson et sur mes oreilles tombantes. Je me sens bien. Je me sens libérée. J'ai mon enveloppe de Trollen qui recouvre ma peau comme une couverture toute chaude.

Lors d'un instant, plus de doutes ni de questionnement, je vie tout simplement...

À cet instant, je me sens Trollen et ça du bout de mes oreilles griffues jusqu'à mes cornes pointues. Rien de plus logique.

Mais la raison reprend un peu le dessus : Moi Trollen ? Il est peut-être encore trop tôt pour se l'avouer. Je m'en fiche, en fin de compte. 

A la frontière entre la sauvagerie et l'humanité, je me sens exister dans un instant. Tout semble devenir clair...

Je coupe l'eau. J'ai l'esprit ailleurs, ma souffrance s'est calmée.

Je me sèche et met mon pyjama.

Mais je sais que la rumination ne tardera pas à revenir...