Trollenpaw

Trollenpaw

Je suis une trollen

 

 

Je suis un Trollen.

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C'est drôle de ce dire ça maintenant, de se l'avouer enfin.

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J'ai comme l'étrange impression que mon esprit, aspiré dans le ciel, voyage dans l'espace et replonge en piqué de ce bocal glacé qui est mon corps. Le tout dans un étrange et un tantinet désagréable haut-le-cœur. L'éveil du lendemain. C'est comme si je l'avais su depuis tout petite. Ces resssentis et instincts de gamine qui refont surface.

 

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Aujourd'hui, je me rappelle de cette créature "extraterrestre" qui bouillonnait dans mon être depuis gosse. Ces rêveries d'enfant où je croyais que les aliens viendraient me chercher sur Terre, suite à mal-entendu intergalactique comme quoi on m'aurait fait naître sur la mauvaise planète avec le mauvais corps.

 

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Est-ce que celà est lié à mon autisme ? Probablement.

Est-ce une raison pour eclipser la probablité d'être otherkin ? Certainement pas. 

 

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J'ai des vagues nostalgiques de mon enfance, je me rappelle de ces dessins de petiotte où je racontais mon univers, les prairies, les forêts, les rivières et surtout ses habitants.

 

Petits monstres forestiers aux oreilles d'elfe et à la queue de lion. Créatures miniatures d'un autre pays nordique, le corps menu au ventre bedonnant, là où la fourrure leur court sur la peau, là où l'animalité caresse et chatouille le pelage.

 

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A cause de la maladie, j'ai vécu longtemps avec la tristesse et l'inquiétude. Petite enfant solitaire que j'étais, renfermée dans sa coquille, je pensais aux miens sans arrêt.

 

Je visualisais mon peuple et mon univers. Sans arrêt, constamment...

 

J'avais l’impression de posséder cette queue, ces griffes et ces crocs, ce sentiment d'être hors du monde et ces réflexes que l'on prête plus aux animaux que aux êtres humains. Je n'avais pas encore de mots pour expliquer cette puissante sensation de ne pas être complétement humaine.

 

J'ai essayé de tenir un journal sur eux, en primaire, mais je n'ai pas duré plus de trois jours sans qu'un élève lecteur se moque de mes écrits et dessins illustratifs. Et ce, devant toute la classe, à la cantine durant une classe verte.

Mes créatures ne sont pas assez normées, selon les avis. Je pense, autrement, qu'elles sont plutôt libres et non-enfermées dans des cases.

 

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Ce n'est que durant mon voyage en Norvège, à mes 11 ans, que j'ai découvert le terme qui collait parfaitement avec mes ressentis. Trollen. Troll norvégien ou scandinave. Créature malicieuse, rare et animale.

 

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Aujourd'hui, je sais me servir de cette liberté propre aux trollens pour en faire quelque chose de créatif. Dessiner, écrire, faire de la musique et me laisser aller à mes instincts les plus profonds.
Je repense a mon moi d'enfance et j'aimerai faire un bond en arrière pour lui demander de vivre, d'arrêter de culpabiliser de son sentiment de non-humanité, de se découvrir pleinement trollen et de croquer cette pomme qui est la vie.

 

Quand je gribouille mes trollens sur mon carnet de croquis, quand je trace leur air jovial, quand je les fait musiciens joueurs, les pattes griffus tapant des tambours en rondins, je me sens Vivante. Je regarde le ciel remplis de lampions orangés et je leur adresse un sourire, dans un instant où sont mêlées tristesse et joie. J'en ai presque l'impression de croire en leur existence. Nostalgie d'un ancien monde perdu de cet enfant autiste.

 

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J’entends les trollens chanter à l'unisson. Le rythme dans la chair, libres musiciens. Ils crient des en cœur des voix qui viennent du plus profond de leur être. J'entend les trollens hurler dans un chuchotement comme hurle le renard arctique. Créatures mavériques où le genre est non-humain. Chut. Il va et viens, se faufile, sauvage, animal et fantastique. Il est l'écho de ces sons dans la nuit, dans la forêt, par de là les pleines et les montagnes. Il a tellement de sens pour moi. Écoutez...

 

Est-ce que vous l'entendez ?

 

 

 

 



15/04/2019
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